lundi 28 septembre 2009

Le Paresseux




Continueront leurs voyages choses

de métal entre les étoiles,

monteront des gens exténués,

violenteront la douce lune

pour y fonder leurs pharmacies.


En ce temps de pleine vendange

le vin commence alors à vivre

de la mer à la Cordillère.

Au Chili dansent les cerises,

chantent les fillettes obscures

et dans les guitares l’eau brille.


Le soleil touche toute porte

et fait miracles de tout blé

le premier vin de teinte rosée,

il est doux comme un enfant tendre,

le second vin lui est robuste

comme la voix d’un marinier

le troisième vin est une topaze,

coquelicot et incendie.


Ma maison compte mer et terre

et ma femme a d’immenses yeux

couleur des noisettes sylvestres,

lorsque survient la nuit la mer

se pare de blanc et de vert

bientôt la lune dans l’écume

rêve en fiancée océane.


Je ne veux changer de planète.



Vaguedivague, 1958, Traduction de Louis Aragon

revue par Mélina Cariz